Le mois d’Avril signant en général le début des activités de randonnées pédestres, c’est à cette période que l’on peut être confronté à des patients porteurs de Borrélioses de Lyme.
En effet, 5 à 55% nos amies les tiques helvétiques sont porteuses de Borrelia Burgdoferi, un spirochète GRAM négatif semblable à Treponema Pallidum (à l’origine de la syphillis pour ceux qui auraient oubliés). L’incidence est variable en fonction des différentes régions de Suisse par il existe un risque augmenté d’avril à novembre pour les promeneurs en région sauvages en dessous des 1500 mètres (la densité de la population de tiques étant la plus élevée à 1,020 mètres).
Une étude évalue à 1% le risque de développer une maladie de Lyme après une morsure. La séro-prévalence des IgG anti borrélia est d’environ 10% dans la population helvétique et jusqu’à 40% parmi les groupes à risque: randonneurs, forestiers, etc.
En Suisse, la déclaration n’est plus obligatoire mais l’incidence de la maladie est évaluée à 3,000 cas par année
La transmission s’effectue en cas de morsure de tique en général au delà de 24h d’attachement du monstre. D’autres pathologies peuvent également être transmise à cette occasion: tularémie, Erhlichioses, encéphalites à tiques.
Les localisation de morsure les plus fréquentes sont:
- les creux poliptés
- la région inguinale
- les aisselles
- la tête chez les enfant
Avant de parler de la maladie de Lyme en elle même, comment faire si vous devez retirer une tique?
- Si vous pouvez un trouver un, la meilleure solution pour enlever une tique reste le tire-tique
- N’utilisez jamais d’éther ou d’alcool qui semble provoquer des régurgitations chez le tique avec une augmentation du risque de transmission. Une pression sur l’abdomen de l’arachnide provoque les même conséquences.
- Si vous ne disposez que de cela, utilisez une pince à épiler fine afin de tirer au plus près de la peau au niveau de la tête de la tique. Maintenez une traction directe et constante sans torsion en attendant le temps qu’il faut pour que la bête lâche prise.
- Une solution alternative est l’utilisation d’un fil noué au plus près de la peau afin d’exercer une traction en ligne.
En cas de promenade en zone endémique, il convient:
- d’éviter de marcher au contact des plantes basses dans les sous bois
- de couvrir les zones exposées avec des vêtements lisses et clairs
- de systématiquement rechercher des tiques au retour de randonnées dans les zones corporelles exosées (penser au cuir chevelu des enfants)
Enfin en dépit d’études convaincantes aux états unis, il n’est pas conseillé de traitement prophylactique après une morsure de tique
La maladie est classée en 3 stades cliniques. En terme diagnostic, il est clinique en premier lieu. La sérologie et une éventuelle PCR dans certains cas ne sont là que pour confirmer la suspicion clinique.
Stade I, l’érythème migrans (EM) = diagnostic clinique !!! aucun examen nécessaire
- Survenue de l’EM entre 3 et 32 jours après la morsure. Si inférieur à 24h -> réaction allergique et non EM
- Efflorescence rouge-livide, maculopapuleuse avec erythème étendu montrant une zone pâlissante centrale par la suite
- Bord de lésion généralement net et légèrement surrélevé
- Durée environ 1 mois, regressif sous traitement
- Symptômes généraux pouvant être associés: fièvre, fatigue, arthralgies, céphalées, méningisme
- Diagnostic biologique: sérologie non indiquée (seulement 40 à 60% de positivité), un tube peut être congelé pour prouver une séro-conversion 4 à 6 semaines après
Traitement du stade I:
- 1er choix Doxycycline 100mg POx2/jour pendant 10 jours ou Amoxicilline 500mgx3/jours pendant 14 à 21 jours
- 2nd choix en cas de contre indication mais nettement moins efficace: Cefuroxime, Azithromycine, Clarithromycine
Stade II, infection disseminée précoce = Sérologie indiquée: positive pour 80% des patients
Les différents type de manifestations sont:
– Le Lymphocytome cutané bénin: nodules cutanés rouges vifs indolores (lobe de l’oreille chez l’enfant, mamelon chez l’adulte)
- Entre 2 et 10 mois après la morsure
- Diagnostic différentiel: lymphome? biospie à envisager en cas de résistance au traitement
- Traitement: Doxycycline 100mg POx2/j ou Amoxicille 500mgx3/j pendant 21-28 jours
– Les manifestations rhumatologiques: douleurs migrantes des articulations, des bourses, des tendons et des os avec possibles poussées de monoarthrite ou oligo-arthrite asymétrique
- 2 semaines à 2 ans après la contamination
- la PCR du liquide synoviale est positive dans 80% des cas
- Traitement: Doxycycline 100mg POx2/j ou Amoxicille 500mgx3/j pendant 30-60 jours
– Cardite: BAV 2ème ou 3ème degré avec alternance brady et tachycardie
- Entre 4 jours et 7 mois après la morsure
- Traitement: Si BAV 2: Doxycycline 100mg POx2/jour pendant 10 jours ou Amoxicilline 500mgx3/jours pendant 14 à 21 jours, si BAV 3: Ceftriaxone IV 2g/24h, 14-21 jours
– Neuroborréliose précoce: symptômes neurologiques (méningite, radiculite, déficits nerveux centraux, paralysies faciales) d’une durée inférieure à 6 mois associés à une pléocytose du LCR et à une production intrathécale d’IgG anti-Borrélia
- Quelques semaines à mois après la morsure
- Traitement: Doxycycline 100mg POx2/jour pendant 14 jours ou Ceftriaxone IV 2g/24h, 14 jours (1er choix si myélite ou encéphalite)
Stade III, infection tardive persistante= sérologie indiquée: positive pour 90-99% des patients
– Acrodermatite chronique atrophiante: lésions rouges-livides persistantes sur les faces d’extension des extremités. Atrophie si pas de traitement.
- 6 mois à 14 ans après la morsure
- Traitement: Doxycycline 100mg POx2/j ou Amoxicille 500mgx3/j pendant 21-28 jours
– Arthrite chonique: artrite migrante
- Mois à années après la morsure
- PCR possible
- Traitement: Doxycycline 100mg POx2/j ou Amoxicille 500mgx3/j pendant 30-60 jours
– Neuroborréliose tardive: symtpômes de neuroborrélioses d’une durée supérieur à 6 mois associés à une pléocytose du LCR et à une production intrathécale d’IgG anti-Borrélia
- Plusieurs années après la morsure
- Traitement: de préférence Ceftriaxone IV 2g/24h, 14-28 jours
Egalement il ne faut pas oublier que les sérologies peuvent donner de faux positifs dans les cas de syphilis, d’endocardite, de syndrome mononucléosique, d’ehrlichiose, de rickettsioses, de certaines maladies auto-immunes et de maladies tumorales
Enfin il faut citer le syndrome post-borréliose de Lyme qui provoque chez certains patients ayant présenté une maladie de Lyme ds symptômes divers comme des arthralgies, des myalgies, une fatigue, des troubles cognitifs et ds signes radiculaires.
Sources:
Surf guidelines, 5ème édition internationale 2012
La borréliose de Lyme en Suisse, forum medical suisse 2007 ; 7 ; 850-855
Xavier Chung Minh